Ikki s'avança jusqu'au bord de la falaise et ferma les yeux, ne pensant plus qu'au vide. Le soleil lui brûlait la peau et l'écoulement interminable de la lave lui rappelait de douloureux souvenirs de son enfance passée dans cet enfer terrible. Aujourd'hui, tout cela ne lui faisait plus peur, il avait grandit, et avait appri qu'il existait au monde des douleurs bien pires que celles qu'il avait pu endurer sur l'île de la Mort, mais son coeur se déchirait lorsqu'il se remémorait le visage de son frère qu'il avait si souvent confondu avec celui d'Esméralda. Il lui semblait encore entende cette douce voix qui lui murmurait de faire attention et de retrouver son frère au Japon.
Esméralda...Avec elle s'était envolée toute forme de tendresse dans le coeur de Ikki, et de ce jeune homme doux et généreux il n'avait plus que le nom ; en devenant Phénix, le chevalier de bronze, il avait laissé derrière lui son passé et tout ceux à quoi il s'attachait. Son coeur n'était qu'un mur froid de distance et de mépris ; il haïssait tout ce qui était présent sur l'univers, jusqu'à haïr son propre sang, puisqu'il le partageait avec l'être le plus abominable qui puisse exister.
Ikki rouvrit les yeux et fit un pas. En face de lui, il y avait la tombe. Elle était encore là, cette petite tombe avec une croix de bois qu'il avait faite lui-même. Et même l'être détestable qu'il était devenu n'avait pas le courage de la détruire. Sur la terre sèche et impure restait encore la fleur blanche qui avait poussé autrefois, et qui n'avait jamais fâné. Rien que ce souvenir aurait put lui donner envie de verser les larmes de jeune garçon qui auraient coulés avant, mais désormais, ce n'était plus qu'un souvenir comme un autre. Pourtant, son coeur se serra, et il s'obligea à ne pas montrer ce signe de faiblesse. Il était stupide ; elle était morte pour qu'il devienne le chevalier du Phénix, et c'est ce qu'il était devenu. Il devait rester fort, quoiqu'il arrive.
Son corps entiers le faisait souffrir, mais cette douleur n'était rien pour lui. Il avait tellement pris l'habitude de souffrir du climat infernal de l'île que ses plaies le piquaient à peine.
Le jeune homme lança un regard à la plaine désertique qu'il avait si souvent traversé durant son enfance ; il vit également les ruines de la misérable maison où il dormait, enfermé dans la cave ; enfin, il aperçut le volcan où le maître lui avait fait comprendre qu'il était à jamais un être de haine, et rien d'autre.
Plongé dans ces souvenirs, il ne remarqua pas que quelqu'un approchait dans l'ombre, et s'apprêtait à le ramener brutalement à la réalité.
Sam 26 Jan - 0:46:36